Mali : des activités médicales de MSF perturbées par le blocage de pénurie de carburant
Depuis septembre 2025, au Mali, le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans, JNIM, empêche l’approvisionnement en carburant importé de pays voisins comme la Côte d'Ivoire, la Guinée ou le Sénégal vers Bamako et d'autres villes comme Ségou, Koutiala et Mopti. Le JNIM s’attaque aux camions-citernes et tend notamment des embuscades aux convois militaires qui les escortent. Les conséquences sont nombreuses pour les activités médicales de notre organisation. Ces pénuries de carburant ont pour conséquence que certains patients ont des difficultés à se rendre dans certaines structures de santé, que l'alimentation électrique des hôpitaux est limitée et que les références de patients sont plus lentes et plus coûteuses. Une situation qui compromet la qualité des soins.
Dans la capitale malienne, la pénurie est importante sans pour autant être totale. Au CHU de Point G de Bamako, où nous menons un projet en partenariat avec les autorités sanitaires pour la prise en charge des cancers, nous constatons une baisse d’environ 15% des consultations chez les femmes atteintes du cancer du sein et du col de l’utérus. Une baisse qui pourrait être liée aux difficultés accrues des patientes à se déplacer. De plus, les tensions sur les importations internationales ont un impact sur la disponibilité de certains traitements ce qui ralentit le rythme de certains parcours de soins. À Bamako, dans nos différents bureaux, nous avons réduit les déplacements, limité l'utilisation des générateurs et parfois mis une partie de notre personnel en télétravail.
À Niono, dans la région de Ségou, à l’est de Bamako, la ville est très fortement perturbée. Les stations d’essence sont presque vides. MSF puise dans ses réserves de carburant qui soutient certains centres de santé communautaires, dits cscoms, comme ceux de Dougouba, K2, Sokolo, Diabaly, C3 et Nampala, ainsi que le Centre de santé de références de Niono, dit csref. À la date du 24 novembre 2025, il resterait un mois de réserve. Au CSREF, le planning du générateur perturbe le bon fonctionnement de l’hôpital. Le générateur fonctionne 13 heures par jour pour couvrir les coupures d’électricité, ce qui permet d’assurer l’électricité 24h/24. Le manque de carburant nécessaire au bon fonctionnement de ce générateur a donc un impact. Pour y remédier, MSF a installé un système d’énergie solaire d’une autonomie d’environ 10h dans les services sensibles dont le bloc opératoire, la chirurgie, la pédiatrie, le laboratoire et la néonatologie.
Un petit générateur a également été mis à disposition pour le fonctionnement de la maternité. Les autres services, qui ne sont pas appuyés par MSF et dépendent du réseau électrique de la ville, sont, eux, fréquemment affectés par des délestages. Parallèlement, MSF dote actuellement la plupart des cscoms d’un système d’énergie solaire renforçant ainsi l’indépendance énergétique de ces structures.
Les références de patients malades des centres de santé locaux vers l’hôpital sont aussi impactées. Pour les références d’urgence, elles sont assurées par des ambulances soutenues par MSF, tandis que les autres se font grâce à des voitures de location dont le tarif a augmenté, surtout celles en provenance de la localité de Nampala, près de la Mauritanie.
Nous sommes très inquiets concernant la qualité des soins et l'accès des patients à des structures de santé notamment celles situées dans les régions affectées. Il est essentiel pour nous de continuer à délivrer des soins vitaux aux malades et ce dans un contexte où de nombreux projets de développement et humanitaires sont déjà impactés par le manque de financement de l’aide humanitaire.
Dans le pays, MSF gère actuellement des projets d’assistance médicale dans les régions de Gao (Ansongo), Tombouctou, Niafounké, Mopti (Ténénkou, Douentza et Koro), Ségou (Niono) et Sikasso (Koutiala), et aussi dans la capitale, Bamako. Elle déploie également de nombreuses interventions d’urgences afin de répondre aux importants besoins des populations à travers le pays.