Voix du Sud-Kivu: Mbitse
Alors que le conflit s'intensifie dans l'est de la République Démocratique du Congo, de nouvelles personnes déplacées sont arrivées dans la zone de santé de Minova, dans la province du Sud-Kivu. Dans le cadre d'une série d'articles intitulée "Voix du Sud-Kivu", nous partageons les histoires des personnes que nous avons rencontrées dans le camp de Bugeri.
“Nous passons des jours et des nuits sans rien manger”
Je m’appelle Mukeshimana Mbitse, j’ai 60 ans. Je suis arrivée au camp de Bugeri (Sud Kivu) le 5 janvier 2024. Avant, je vivais au village dans le territoire de s Masisi (Nord Kivu) avec mes 9 enfants et mon mari.
Un jour alors que nous étions au champ, des coups de feu ont retenti. Effrayé, mon mari s’est précipité vers notre maison pour réunir nos enfants et préparer quelques affaires. J’ai également couru vers lui mais lorsque je suis arrivée dans notre maison je l’ai trouvé étendu sur le sol, baignant dans son sang. Il avait suffi d’une balle pour lui ôter la vie. Sans plus réfléchir, pour mettre notre famille à l’abri, j’ai dû prendre la fuite. Nous avons marché jusqu’à la ville de Minova. Là, on nous a parlé d’un camp de déplacés où nous pouvions nous installer.
Pour que mes enfants aient plus de chances de survivre, j’ai décidé de laisser les 5 plus grands dans des familles d’accueil, répartis dans des villages voisins de Minova. Les 4 plus jeunes vivent avec moi. Ici, nous ne trouvons pas de quoi manger, il nous arrive alors de voler des légumes dans les champs. Lorsque les propriétaires nous surprennent, nous sommes attrapés et maltraités avant d’être relâchés. Nous passons des jours et des nuits sans rien manger. Nous souffrons beaucoup. Je n’ai pas même de quoi construire un abri, lorsqu’il pleut nous sommes battus par la pluie. Nous passons nos nuits à la belle étoile.