Lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme : la Belgique fera partie des bons ou des mauvais élèves ?
Tous les 3 ans nous plaidons pour que le Fonds Mondial de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme reçoive les fonds internationaux nécessaires. Ces maladies sont les plus mortelles au monde. Plus que jamais nous voyons combien les pandémies peuvent être dévastatrices de vies, de communautés, et d’économies. Les équipes de Médecins Sans Frontières témoignent au quotidien de l’immense effort nécessaire pour, non pas en venir à bout, mais maîtriser l’hémorragie de nouveaux malades, de personnes non traitées et de soins inadaptés par manque de moyens.
Les experts internationaux estiment les besoins réels à 130 milliards d’USD pour 2024 -26. Sur ce total le Fonds Mondial ne demande que 18 milliards d’USD, une augmentation de 30% par rapport au cycle précédent. Pour atteindre cette somme, les promesses des autres donateurs et des pays touchés sont nécessaires. Ces derniers devraient contribuer pour 45,8 milliards d’USD. Un effort irréaliste pour ces pays qui paient le prix le plus fort des conséquences de la crise liée au Covid. Même dans le meilleur des cas, l’enveloppe totale des besoins réels ne serait remplie qu’à 78% ! Les Etats-Unis, l’Allemagne et le Japon annoncent l’augmentation de leur part de 30%. La Belgique avait annoncé en 2019 un montant de 60 millions d’€ sur 4 ans (alors que le Fonds Mondial suit une logique trisannuelle). On s’attend aujourd’hui qu’elle annonce un montant limité à 15 millions d’€ pour l’année 2024 seule, loin des 30% en plus demandé ! Une contribution belge autour des 20 millions d’€ par an serait plus adaptée.
Le prix du désinvestissement
Le rapport « Quand l’écart se creuse » réalisée par MSF dans 7 pays touchés montre que le combat est loin d’être terminé. Le nombre de décès dus à la tuberculose est grimpé pour retrouver le niveau de 2017. Environ 9,5 millions de personnes vivant avec le VIH ne sont pas sous traitement. Le nombre de personnes souffrant du paludisme a augmenté pour retrouver le niveau de 2015. Ces pays qui souffrent de manques de financement doivent procéder à des coupes dans les interventions médicales efficaces, comme les programmes de lutte contre le VIH destinés aux femmes enceintes. Ce sont les populations les plus vulnérables qui sont les premiers à en payer le prix fort. Chaque retard dans la réduction des nouveaux cas et des décès signifie plus d'infections, plus de décès, plus de coûts humains, sanitaires et économiques.
La reconstitution du Fonds Mondial est un minimum absolu et doit être complété par d'autres financements internationaux. Si les pays européens manquent à l’appel, le Fonds Mondial en sera doublement déforcé : le minimum de 18 milliards ne sera pas atteint et ce déficit réduira proportionnellement la contribution des États-Unis, qui est limitée à 1/3 du montant total. Les promesses des pays les plus riches devront être prononcées définitivement le 21 septembre prochain à New York. Nous sommes donc à moins d’une semaine de l’échéance. Le président des Etats-Unis appellera la présidente de l’Union Européenne pour l’encourager à le joindre dans un commun effort pour le Fonds Mondial. Quelle sera sa réponse ?
La Belgique, redoublera-t-elle d’efforts pour augmenter sa contribution ? Sinon, la Belgique sera-t-elle encore crédible lorsqu’elle exprime son attachement aux objectifs de la Couverture Sanitaire Universelle ? Nous appelons le gouvernement, le Premier ministre Alexander De Croo et la Ministre de la Coopération au développement Meryame Kitir à montrer que la Belgique joindra le geste à la parole en ayant conscience de son rôle dans ce défi humain et sanitaire mondial.