Malnutrition à Madagascar : le témoignage d’Anaïs
« Il y a trois semaines, un adolescent de 13 ans est arrivé dans notre clinique mobile avec sa grand-mère ; il tenait à peine sur ses jambes et ne pesait plus que 23 kilos. »
Anaïs Prudent, coordinatrice d’urgence, est tout juste de retour d’une mission dans le sud de Madagascar, qui connaît depuis plusieurs mois de terribles pénuries alimentaires. Depuis mars 2021 déjà, nos équipes de terrain luttent contre la malnutrition dans la région.
11 000 enfants sous-alimentés sous traitement
« Nous sommes actifs dans les districts d’Ambovombe et d’Amboasary, où nous distribuons des vivres, soignons les patients dans des cliniques mobiles et mettons en œuvre des projets Watsan. Entre mars et décembre 2021, nous sommes parvenus à prendre en charge plus de 11 000 enfants de moins de 10 ans souffrant de malnutrition.
C’est à présent la période de soudure : les stocks des récoltes sont épuisés alors que les habitants doivent tenir jusqu’aux prochaines récoltes en mars. Ils se retrouvent donc sans pratiquement rien à manger. Pendant cette période, il est absolument essentiel de faire en sorte qu’un maximum de personnes vulnérables puissent bénéficier de nos distributions alimentaires.
Des aliments thérapeutiques ET des distributions de vivres
Pour remédier à la pénurie alimentaire, nous avons repris nos distributions de vivres dans le sud de Madagascar. En effet, à eux seuls, les aliments thérapeutiques ne constituent pas une solution. Le nombre de personnes vulnérables est extrêmement élevé à Madagascar. Les enfants mettent beaucoup de temps à se rétablir. Ils ne prennent pas assez de poids, ce qui est logique d’un point de vue médical. Il leur faut donc plus que des aliments thérapeutiques.
Gravement sous-alimentés, mais trop assoiffés pour pouvoir manger
Lorsque nous arrivons dans un village et demandons aux habitants ce dont ils ont besoin, la réponse est invariablement : de l’eau. C’est peut-être difficile à imaginer, mais il faut absolument savoir que les gens doivent parfois marcher pendant 20 heures pour aller chercher un jerrycan d’eau. L’accès à l’eau est très problématique sur l’île ; nous devons donc absolument faciliter cet accès et distribuer de l’eau. Certains enfants qui arrivent dans nos cliniques mobiles ne sont parfois pas en état de manger, alors qu’ils souffrent de malnutrition modérée ou même sévère : ils ont trop soif. C’est extrêmement bouleversant que des enfants sous-alimentés, vraiment affamés, ont à ce point soif que cette sensation est encore plus forte que la faim. Voilà pourquoi nous distribuons aussi de l’eau et avons réparé 64 pompes à eau dans les régions concernées. »